Lomé 5 : les radios en mission de paix pour l’avenir de l’Afrique
La cinquième édition des rencontres de Lomé s’est terminée le 24 février. Une 70taine de journalistes, animateurs et directeurs de radios chrétiennes d’Afrique francophone ont pris conscience de l’importance de leurs médias pour la promotion de la paix face à la montée de la violence islamiste. Grâce à Illia Djadi, ancien journaliste à la BBC, ils ont été encouragés à devenir les promoteurs d’un vivre ensemble respectueux des diversités de leurs pays.
Lomé le 24 février 2023 – « Médias outils de paix dans un Monde en conflit », c’est autour de ce thème qu’une 70tantaine de professionnels des médias chrétiens d’Afrique francophone se sont réunis du 20 au 24 février à Lomé. Le Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF), coorganisateur de l’événement avec l’Association Radio Réveil en Suisse, tire un bilan très positif d’une semaine de travaux.
L’orateur principal de Lomé 5, le Nigérien Illia Djadi, expert en droits humains et analyste auprès de l’ONG « Portes Ouvertes » à Londres, a démontré que l’ensemble des pays de la bande sahélienne, de la Mer Rouge à l’océan Atlantique, étaient désormais confrontés à des violences du fait d’une multitude de groupes djihadistes. Il a souligné « qu’un message de paix et de réconciliation favorisant le vivre ensemble, qui a toujours présidé à la paix entre communautés africaines, pourrait être un rempart pacifique à cette contagion. »
Le rôle de la radio
Illia Djadi était épaulé par d’autres orateurs en provenance, pour la plupart, des zones concernées. Ils ont démontré par de nombreux témoignages que cette mission de paix des radios, le premier média en Afrique, est possible. Les participants n’oublieront pas l’intervention du directeur d’une radio de l’est du Congo, dont la région est actuellement sous le contrôle des rebelles du M23. Ce Congolais a témoigné de la pression implacable de ces derniers sur les populations et sur les médias radio à qui ces rebelles réservent un cahier des charges particulier. Une telle réalité a été corroborée par d’autres intervenants en provenance du Mali et du Burkina Faso. Tous ont exhorté les participants des régions encore en paix à ne pas attendre le pire pour réformer leurs grilles des programmes. Ils ont aussi appelé à se tourner prioritairement vers les préoccupations de leurs auditeurs et à approfondir tout spécialement le thème de la paix entre les différentes composantes sociales et religieuses de leurs concitoyens.
Le professionnalisme des intervenants
« Être un acteur des médias dans un contexte troublé requiert le plus grand professionnalisme de chacun des intervenants radio. Il n’y a plus de place pour l’improvisation », a souligné Illia Djadi, par ailleurs ancien correspondant pour l’Afrique du Service francophone de la BBC. La déontologie journalistique, la vérification des informations, la neutralité ne sont plus une option pour qui veut être encore une voix qui compte. Les ateliers proposés en marge de Lomé 5 et animés par quatre experts occidentaux ont permis aux participants de repartir de la capitale togolaise avec des compétences accrues.
L’avenir du FOMECAF
Olivia Beugré, rédactrice en chef de la Voix de l’espérance à Abidjan et coordinatrice du FOMECAF, a salué l’implication des participants et l’interactivité à l’occasion des différents panels proposés tout au long de la semaine. « Nous nous séparons aujourd’hui, mais les liens tissés depuis quatre ans restent matérialisés par les différentes plateformes électroniques d’échanges qui nous unissent. En outre, nous formons le projet de pouvoir organiser des séminaires décentralisés, afin de nous tenir au plus près des préoccupations de nos membres, en alternance avec des séminaires plus importants réunissant tout le monde. » Une rencontre décentralisée à Ouagadougou (Burkina Faso) est déjà à l’étude, ainsi qu’une autre à Garoua (Nord Cameroun). Quant à la prochaine plénière, le lieu n’a pas encore été choisi.
Fin d’un processus de transition
Emmanuel Ziehli, directeur de l’Association Radio Réveil en Suisse, a salué cette cinquième édition des rencontres de Lomé. « Elle a été intégralement organisée par le nouveau collège de direction du FOMECAF et la réussite est complète. » Il restera, en compagnie d’autres partenaires tels qu’AbR (Africa by Radio), actif dans les recherches de financements à l’internationale, mais ne présidera plus aux destinées de ce groupement qui réunit au total une centaine de médias confessionnels d’une quinzaine de pays d’Afrique francophone. Emmanuel Ziehli s’est dit « très confiant pour la suite. L’exercice qui se termine aujourd’hui démontre, par l’exemple, que ce type de transition est possible. » (c)
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