LES DIRIGEANTS DE L’ÉGLISE AU BURUNDI ASSOCIENT LA FOI A LA POLITIQUE
Au Burundi, trois Méthodistes Unis ont habilement concilié leur rôle dans l’Église et dans la politique. Leur foi, dépassant la simple conviction personnelle, inspire leur gouvernance et leur leadership politique, façonnée par leurs expériences au sein de l’Église Méthodiste Unie.
« En tant que membre de longue date de l’Église Méthodiste Unie, » a déclaré le Rév. Claude Ntakarutimana, « j’ai toujours ressenti que nos leaders se soucient sincèrement de notre croissance spirituelle et du progrès de notre nation. » Il préside le Comité des Ministères ordonnés de la Conférence du Burundi.
« La présence régulière du Président de la République à nos événements, que ce soit pour l’inauguration de nos institutions ou le point culminant d’une croisade d’évangélisation, même dans les zones les plus isolées, témoigne de sa profonde révérence pour notre Église et sa mission, » a dit Ntakarutimana, en parlant du Président Évariste Ndayishimiye.
Voici des billets sur trois des leaders influents Méthodistes Unis.
Révérend Emmanuel Sinzohagera
« Que je sois à la chaire ou au parlement, » a déclaré le Rév. Emmanuel Sinzohagera, « ma mission reste inaltérée : servir Dieu et élever notre communauté. »
Figure clé dans les sphères spirituelles et politiques du Burundi, Sinzohagera incarne les liens étroits entre l’Église Méthodiste Unie et la gouvernance de la nation. Dans l’Église, il agit comme représentant légal et doyen des surintendants. En tant que président du Sénat du Burundi, il est la troisième personnalité la plus importante du pays.
L’autonome dernier à l’église Méthodiste Unie de Rohero, qui fait également office de siège de la conférence, 14 communicateurs Méthodistes Unis ont suivi une semaine de formation dirigée United Methodist Communications. L’anticipation remplissait la pièce lorsque les communicateurs se préparaient à célébrer leur accomplissement. L’atmosphère a soudainement changé lorsque Sinzohagera a invité les formateurs à un déjeuner dans sa résidence au sommet de la Colline Nyambuye. Un convoi de véhicules puissants avec des gardes lourdement armés les attendait. Ce convoi a traversé, à toute vitesse, les rues à deux voies de Bujumbura, la capitale économique du Burundi, ignorant les feux tricolores, ne ralentissant que dans les virages serrés ou dans les zones densément peuplées.
Le lendemain, le décor était toujours le complexe de Rohero, mais l’ambiance s’était transformée. L’église était bondée pendant que 500 fidèles se rassemblaient pour le culte. Dans la foule, Sinzohagera se fondait parfaitement. Il était l’un d’eux. Assis parmi d’autres pasteurs, il participait avec joie, se mettant même à danser pendant les hymnes.
Sans fanfare, il s’est avancé vers la chaire pour prêcher. S’inspirant de Néhémie 2:18, il a parlé avec passion de l’importance de bâtir l’Église, le thème de 2023 de la conférence annuelle. Tout en faisant référence au passé, son message était tourné vers l’avenir, invitant la communauté Méthodiste Unie autour d’une vision partagée pour l’avenir.
Cette juxtaposition illustre la fusion de la foi et de la politique au Burundi, où les leaders Méthodistes Unis naviguent à la fois dans les eaux spirituelles et politiques.
« L’Église et la politique se croisent souvent, » a déclaré Sinzohagera. « À bien des égards, tout a une dimension politique, même au sein de l’Église. »
L’histoire moderne du Burundi, d’abord colonisé par l’Allemagne puis par la Belgique, a été marquée par des tensions ethniques et des conflits civils, principalement entre les groupes ethniques hutu et tutsi. Durant les années 1990, l’Église a joué un rôle central, comblant les fossés et facilitant le dialogue, ce qui en a fait une entité influente dans le paysage sociopolitique du Burundi.
« L’Église Méthodiste Unie, en particulier, a été à la pointe de nombreuses initiatives de paix et de réconciliation, travaillant sans relâche à réparer les fractures d’une nation divisée, » a dit Sinzohagera. « L’accent mis par l’Église sur l’unité, le pardon et la restauration de la communauté en a fait un pilier intégral dans le parcours du Burundi vers une paix et une stabilité durables. »
« Nous nous retrouvons face aux défis actuels parce que l’Église s’est repliée, laissant la place à ceux qui n’ont pas notre foi pour guide, » a-t-il poursuivi. « Le simple fait de jeûner et de prier ne changera pas notre situation. Nous devons nous engager activement et représenter les véritables intérêts du peuple. Il est non seulement acceptable, mais aussi essentiel que le clergé participe à la politique, pour s’assurer que nous soyons de véritables ambassadeurs des enseignements du Christ. »
Sinzohagera a évoqué son parcours de foi. Face aux circonstances difficiles de la guerre en République démocratique du Congo, Sinzohagera a prié sincèrement ainsi : « Seigneur, si tu m’entends, fais-moi quitter cette terre. Je te servirai. » Il n’a jamais oublié cette promesse faite dans le désespoir.
De retour chez lui, il a déclaré : « J’ai commencé à participer aux cultes de l’église. Finalement, je me suis souvenu de la promesse que j’avais faite à Dieu pendant la crise au Congo : je servirai le Seigneur. »
Pendant plus de 15 ans, Sinzohagera a été pasteur de trois églises : Kabezi, Gatumba et Rohero.
« Dans chacune d’elles, » a-t-il dit, « j’ai réalisé que ma principale contribution était de bâtir l’Église, au sens propre. Plus tard, j’ai été surintendant du district de Bujumbura pendant cinq ans. En 2021, j’ai été élu représentant légal, et la même année, j’ai été nommé doyen des surintendants. »
« Par la grâce et la sagesse de Dieu, je navigue sur les chemins distincts de l’Église et du parlement. Chaque rôle exige son intégrité, et dans les deux, je m’efforce de servir avec compréhension et respect pour les croyances diverses de ma congrégation. »
Georges Nshimirimana
Georges Nshimirimana est un autre leader Méthodiste Uni qui associe la foi à la politique. Il est le leader laïc de la paroisse Saint-Pierre de Gitega et le président national de l’Organisation des Hommes Méthodistes Unis du Burundi. Pendant 15 ans, Nshimirimana a été membre du parlement burundais. Aujourd’hui, il dirige le Conseil National pour la Défense de la Démocratie — Forces pour la Défense de la Démocratie, le parti au pouvoir pour la province de Gitega, la capitale politique. Nshimirimana croit que la foi et la politique sont intrinsèquement liées, en particulier au sein de son parti.
« Pour le parti au pouvoir, » dit-il, « l’engagement principal est de servir Dieu. Dieu occupe la première place dans toutes les activités. Notre foi nous donne de la clarté. Quand vous déviez, il est évident que vous n’êtes pas en phase avec les principes directeurs du parti. »
Il est membre du Comité de nomination et du Conseil des Ministères ordonnés de la Conférence. Au-delà de ces responsabilités, Nshimirimana poursuit sa passion pour la musique et le culte en tant que coordinateur de la chorale pour la paroisse de Gitega.
Son parcours vers le Méthodisme était enraciné dans sa passion pour la musique. Initialement Catholique, Nshimirimana s’est impliqué avec sa dénomination adoptive lorsque feu l’évêque Alfred Ndoricimpa lui a demandé de superviser la chorale de l’église. Bien qu’il ait initialement accepté ce rôle en tant que Catholique, son implication constante avec la chorale de l’Église Méthodiste l’a amené à passer plus de dimanches à la paroisse Méthodiste Unie.
« Avec le temps, j’ai ressenti le besoin d’appartenir à une seule congrégation, » a-t-il dit, « j’ai choisi l’Église Méthodiste Unie en raison de mon lien authentique avec cette communauté. »
Nshimirimana maintient une relation forte avec la communauté Catholique, soulignant l’unité et l’amitié entre les dénominations. Il apprécie les enseignements de John Wesley, fondateur du Méthodisme, en particulier l’idée d’avoir un « esprit sain dans un corps sain ». Il connaît aussi quelque peu Charles Wesley, le frère musicien de John.
« La Bible est mon outil principal, » a déclaré Nshimirimana. « C’est mon amie, et je la consulte souvent. »
Lydie Nihimbazwe
Élue en juillet 2020 pour un mandat de cinq ans en tant que maire de Giharo à l’âge de 29 ans, Lydie Nihimbazwe est la plus jeune administratrice municipale du pays. Giharo se trouve dans la partie sud de la province de Rutana au Burundi.
Membre du Conseil National pour la Défense de la Démocratie — Forces pour la Défense de la Démocratie, Nihimbazwe voit son ascension en politique comme un témoignage de la grâce de Dieu.
« C’est par la grâce de Dieu que je suis dans cette position, » a-t-elle dit.
Reconnaissante pour sa nomination malgré la présence de candidats plus âgés et expérimentés, son élection a surpris beaucoup de monde, y compris elle-même.
« Lorsqu’il a été annoncé que j’étais élue, » se souvient Nihimbazwe, « le choc était tel que j’ai fondu en larmes de joie. Le parti au pouvoir m’a proposée et la population m’a élue. »
Cette mère d’une fille de 2 ans vient d’un milieu religieux mixte, avec un père Catholique et une mère Méthodiste.
Son expérience dans l’Église Méthodiste Unie, de l’école du dimanche pour enfants à membre de la chorale, jusqu’à la vice-présidence de l’organisation de la jeunesse de l’église locale, l’a bien préparée. « J’apprécie profondément la manière dont l’Église Méthodiste Unie offre aux jeunes la possibilité de s’impliquer pleinement dans le christianisme, » a déclaré Nihimbazwe.
Pour elle, les enseignements de l’Église ne sont pas seulement des directives spirituelles, mais aussi des principes qui informent ses décisions politiques. « Grâce à l’éducation que j’ai reçue à l’église, » a-t-elle dit, « j’évite des péchés comme le détournement des fonds communaux. »
Nihimbazwe commence sa journée par la méditation et la prière. Quand elle n’a pas de réunions prévues, elle maintient une routine régulière. Après ses activités dévotionnelles, elle se rend au bureau pour interagir directement avec le public, répondant à leurs préoccupations. Elle planifie également des visites sur le terrain, où elle sert de médiatrice pour résoudre les conflits ou les différends communautaires.
« En tant qu’administratrice, » a-t-elle dit, « je suis confrontée à une variété de défis dans ma communauté, allant de l’infidélité due à la polygamie répandue dans la région, aux problèmes fonciers et aux vols, jusqu’à fournir une solution aux besoins de tous. »
Elle apprécie que « de nombreuses opportunités comme l’agriculture peuvent servir de tremplin pour la croissance et le développement des jeunes. »
Avant son élection en tant que maire, Nihimbazwe a géré un centre de santé. Ce travail était plus facile, admet-elle. « Gérer les finances est une chose, mais gérer les gens est un tout autre domaine, » a-t-elle affirmé. « Les relations humaines sont complexes. Sans l’intervention de Dieu, il est impossible de réussir. »
Elle croit que les femmes et les jeunes ont un rôle crucial dans le leadership. Nihimbazwe souligne la nécessité pour les femmes de se soutenir mutuellement et crédite l’Église d’avoir mis toutes les personnes sur un même pied d’égalité.
« Il y a eu un manque de solidarité entre les femmes et un manque de confiance dans la jeunesse, » a-t-elle dit. « Mais maintenant, les femmes sont considérées égales aux hommes dans tous les secteurs, à la fois dans l’église et dans le pays. Les jeunes se voient confier des responsabilités. L’Église Méthodiste Unie n’est pas seulement un lieu de culte, mais une plateforme où les jeunes et les femmes peuvent s’engager activement et trouver leur place. »
S’inspirant de sa propre expérience, elle travaille à inspirer les jeunes, en particulier les filles, car de nombreux parents n’encouragent pas leurs filles à poursuivre leur éducation. Nihimbazwe utilise ses propres réalisations pour motiver les autres vers un avenir plus prometteur.
Elle dirige une équipe de 45 membres du personnel qui assurent le bien-être de plus de 200 000 résidents répartis sur une superficie de plus de 583 kilomètres carrés, « la plus grande commune du pays, » a-t-elle dit.
« Alors que mon mandat touche à sa fin dans deux ans, » a dit Nihimbazwe, « je crois fermement que Dieu me guidera pour servir dans d’autres capacités. »
Broune est le directeur des rédactions francophones pour UM News et est basé à Abidjan, Côte d’Ivoire
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